Bloqués par la neige dans le désert d’Atacama
[Article écrit par Pauline]
Après avoir passé une nuit dans un bus de luxe (aussi bien que l’avion mais sans l’apéro !), on arrive dans le petit village de San Pedro de Atacama en fin de matinée. Petite oasis au beau milieu du désert, San Pedro se situe à la naissance de l’Altiplano, ce large plateau d’altitude de la cordillère des Andes qui s’étend du Nord du Chili-Argentine jusqu’au Pérou en passant par la Bolivie. En arrivant, on est saisi par ce paysage, si différent de tout ce qu’on a vu jusqu’à maintenant. On découvre une plaine aride où pas un seul arbre ne pousse, avec en toile de fond les contreforts de l’Altiplano coiffés de nombreux volcans enneigés. Et au milieu des deux, le petit village de San Pedro, qui apporte un peu de couleur à l’ensemble.
En réalité, les photos que vous voyez juste au dessus n’ont pas été prises au début de notre séjour, car il faisait très moche quand on est arrivé et on avait de la peine à distinguer les volcans. Et oui le désert d’Atacama a beau être réputé pour son ciel bleu (garanti quasiment toute l’année), nous n’avons pas eu de chance avec le temps ! Nous sommes tombés dans une période exceptionnelle pour un mois de mai : il faisait bien plus froid et moche que la normale. L’Altiplano était donc couvert de neige. C’était joli, on a pu admirer les volcans avec leur beau manteau blanc, mais d’un autre côté, la plupart des accès aux sites touristiques étaient fermés à cause de la neige. Pour notre part, on ne s’est pas trop inquiété au début du séjour : on avait prévu de passer pas mal de temps dans la région, à attendre que des amis de TPE, Chap et Flore, eux aussi en voyage longue durée, nous rattrape. La neige avait donc le temps de fondre d’ici leur arrivée.
Nous avons donc passé nos quatre premiers jours à découvrir le petit village de San Pedro et à explorer les alentours à pieds ou à vélo. Le tour du village se fait assez rapidement, et on s’y repère facilement : une jolie place centrale avec une église et une poignée de rues en damier. Le village, bien qu’envahi par les touristes, est très charmant avec toutes ses maisons en adobe, ses trottoirs pavés et ses rues en terre battue. A plein d’endroits différents, on peut apercevoir le beau volcan Licancabur (le préféré de François) avec son cône parfait.
On y a vite pris nos habitudes alimentaires : ici les bons poulets rôtis pas cher du tout, là les meilleurs empanadas de la ville (tomate-fromage et basilic, miam). On a aussi découvert la Franchuteria, une boulangerie française où on allait prendre notre baguette et, lors des jours de fête, des pains au chocolat. On était très bien installé dans un petit hostel, où on a pu avoir une chambre rien que pour nous deux. On y passait nos soirées, préférant le calme de l’auberge aux rues du village envahies à partir de 18h00 par des touristes frustrés de ne pas avoir pu faire leur excursion de la journée à cause des conditions météos.
Nos promenades dans la Quebrada (canyon) del Diablo et la Vallée de la Muerte , peu éloignés de la ville, nous ont permis de découvrir des paysages hors du commun. De hautes falaises rouges plissées de toutes parts, des dunes de sable immenses et des étendues de sel, on n’avait plus l’impression d’être sur terre !
Mais il nous a fallu redoubler d’effort pour voir tout ça. Notre journée vélo, surtout, n’a pas été des plus faciles : on a traversé des cours d’eau, on a grimpé des côtes en poussant nos vélos et on s’est battu contre un vent terrible. Heureusement, nos efforts de la journée ont été récompensés par un magnifique coucher de soleil sur les volcans.
Après quatre jours plutôt tranquilles, Chap et Flore nous rejoignent à notre auberge en fin de journée. Autour d’un poulet-frites et d’un gâteau aux pommes (le premier que je réalise depuis qu’on est parti !), on discute de nos voyages respectifs et des prochains jours qu’on passera ensemble. On décide de louer une voiture pour le lendemain afin de partir explorer la région au Nord de San Pedro. Le lendemain, on se dirige donc de bon matin chez le seul loueur du village et on découvre, ravi, notre magnifique 4×2 rouge : on va pouvoir se la péter avec ça ! C’est François qui prend les commandes, et on file direct sur la belle route qui doit nous mener à notre première destination : la vallée Arc-en-ciel.
Sur le chemin, on s’arrête une première fois pour prendre en photo des vigognes. La vigogne est un camélidé, de la même famille que le lama, mais cette espèce n’a jamais été domestiquée. Très recherchée pour sa belle laine et sa viande, elle est aujourd’hui protégée. C’est la première fois qu’on en voit et on est tout content. De retour à la voiture, on fait moins les fiers : impossible de la faire redémarrer. On galère pendant quelques minutes et des gens viennent nous donner un coup de main mais sans succès. Au moment où on s’apprête à renoncer et à appeler la dépanneuse, on entend un ronflement de moteur. Le monsieur qui était venu nous prêter main forte, a réussi à la redémarrer en appuyant avec sa main sur l’embrayage. On ne comprend pas très bien, mais ça fonctionne. On repart en essayant de faire le moins d’arrêts possibles, mais finalement on n’aura aucun autre problème durant la journée.
On arrive à la Vallée Arc-en-ciel après avoir croisé des lamas sur la route (vous pourrez vous rendre compte de la différence entre eux et les vigognes avec les photos). La Vallée doit son nom aux minéraux présents dans les roches : du vert, du rouge, du bleu… bon il nous manque quand même quelques couleurs ! On s’y promène un peu à pieds puis on repart prendre notre déjeuner à notre auberge, confortablement installé au soleil.
L’après-midi sera consacré à la Vallée de la Lune, une vallée aux reliefs étranges, résultats de milliers d’années de vent et d’inondations. Elle se caractérise aussi par sa forte concentration en sel : on en trouve partout sur le sol et on peut même se promener dans une grotte recouverte de cristaux de sel. Avec ses roches rouges couvertes de blanc et les volcans en toile de fond, l’endroit est très photogénique.
On s’y promène jusqu’au coucher de soleil, magnifique, lorsque les arêtes rocheuses s’embrasent.
Et la journée ne s’arrête pas là ! Ce soir, avec François, on a prévu d’aller observer les étoiles. En effet, après notre déception de la vallée de l’Elqui où le mauvais temps nous a empêché de faire notre sortie, la région de San Pedro (où il est censé faire toujours beau, je vous le rappelle) est aussi réputée pour ses ciels étoilés. De nombreux observatoires y sont installés et on propose aux touristes des sorties de nuit pour observer la voie lactée et en apprendre un peu plus sur l’univers et ses mystères. Nous, on choisit de faire une sortie avec l’agence SPACE, tenue par un français, un ancien astronome ayant installé plusieurs télescopes dans son jardin à la périphérie de San Pedro. A 21h00, un bus vient donc chercher notre groupe de 15 français et nous emmène chez ce monsieur. Pendant plus d’une heure, Alain Maury nous parle de la perception de l’univers à travers les époques, nous apprend à reconnaître quelques constellations et à repérer les planètes, nous explique pourquoi ici on aperçoit si bien la voie lactée et pourquoi on voit la croix du sud alors qu’on ne voit pas tout ça en France. Il nous sert ses explications avec beaucoup d’humour et on ne voit pas le temps passer. Moi qui avais peur d’avoir froid, je n’ai même pas eu le temps d’y penser. Après toutes ces informations, place à la pratique, il est maintenant l’heure de regarder dans les télescopes. La lune s’est couchée, on distingue donc mieux les étoiles. Alain possède 10 télescopes qu’il a pointés sur différentes zones du ciel où on peut observer des choses intéressantes : nébuleuses, étoiles colorées, constellations, voie lactée, planètes… On reste ébahi en regardant par la lunette, surtout devant Jupiter et Saturne dont on distingue parfaitement les anneaux. A la fin de l’observation, il nous invite à continuer la discussion autour d’un chocolat chaud, c’est le moment de lui poser plein de questions. On aborde le sujet des météorites et Alain nous montre alors une des plus belles pièces de sa collection : une tranche de météorite valant plus de 2500 euros. On fait bien attention en la portant. A minuit, il est temps de regagner notre hôtel, on repart très content de notre soirée et on s’endort bercé par les étoiles qui tournent au dessus de notre tête.
Le lendemain, un peu fatigué après cette courte nuit, on renouvelle l’expérience avec notre 4×2. On avait initialement prévu de faire une excursion avec une agence pour découvrir des lagunes situées sur l’Altiplano, mais, au vue des conditions climatiques et de l’incertitude quant à l’accès aux sites (il y a toujours de la neige), on préfère annuler et prendre la voiture un jour de plus. On essaiera d’aller aux lagunes par nous même et si ça ne passe pas, on pourra toujours aller se promener ailleurs. Et puis, il faut bien l’avouer, on a pris goût à rouler avec notre bolide ! On se dirige donc ce matin-là vers l’Altiplano en croisant les doigts. On fait un premier stop au salar d’Atacama, grande étendue de sel parsemée de lagunes. Nous, on s’arrête à la lagune Chaxa, un des sites les plus connus pour observer les trois espèces de flamants roses de la région. Les flamants sont bien présents et le lieu, avec la lumière du matin, est magnifique. Il nous manque juste une paire de jumelles pour pouvoir observer la danse des flamands rose qui se nourrissent : ils gigotent des pates pour fouiller les fonds de la lagune à la recherche de minuscules crevettes qui constitueront leur repas.
La suite du programme se situe plus haut, sur l’Altiplano : direction les Piedras Rojas, une lagune entourée de pierres rouges, apparemment un des must de la région et un lieu qu’on avait très envie de faire avec François. On monte avec la voiture et très vite les paysages se parent de blanc : il reste de la neige ici, va-t-on réussir à passer ? Et bien non. Après avoir parcouru 50km, on est arrêté par des gardes du parc et contraint de faire demi-tour. Dommage, mais on ne regrette pas : la route était magnifique et on a vu plein de vigognes.
On choisit alors de rejoindre une autre lagune en passant par une petite route repérée sur Maps.me. Malheureusement, l’application n’indique pas encore l’état des routes et on s’embarque sur un chemin caillouteux et un peu difficile, même pour notre grosse voiture. Après plusieurs passages compliqués et une heure de route, on n’est toujours pas à la moitié du chemin ! On décide alors de faire demi-tour mais c’est plus facile à dire qu’à faire. On se retrouve ensablé, impossible de se dégager. Chap, avec sa carrure impressionnante (!), tente de sortir la voiture de là, mais sans résultats. On décide alors de combler le creux dans lequel s’est enfoncée la roue avant de la voiture avec des pierres. Comme on est des TPE, les routes ça nous connaît, et ça va vite ! Ajoutez à ça le sang froid de François au volant, et nous voilà sortis… ouf, on ne se voyait pas rester là avec le froid qu’il fait dehors !
Après une pause déjeuner dans un petit village, on essaie de nouveau de rejoindre la lagune par une route plus officielle cette fois. On est encore bloqué et on finit par s’avouer vaincu. On redescend donc en direction du salar d’Atacama, où on observe le coucher de soleil sur la lagune Tebinquiche.
La journée ne s’est pas vraiment déroulée comme on l’avait prévu mais on n’est finalement pas déçu, on en a pris plein les yeux et on a bien rigolé ! Après un bon dîner avec un vin chilien – car oui, on ne vous en avait pas encore parlé, mais le vin rouge chilien est plutôt pas mal – on part se coucher de bonne heure, demain on se lève tôt pour passer en Argentine en bus…
Enfin ça, c’est ce qui était prévu, car le lendemain, le bus qu’on prend à la gare routière ne fera pas plus de 3 km. A la sortie de San Pedro, on se retrouve bloqué sur la route (pour changer !) et on nous explique qu’on va attendre ici que la frontière s’ouvre. Apparemment, il y a encore beaucoup de neige et il faut attendre que les travailleurs déblaient complètement le passage. Mais trois heures plus tard, on nous annonce que nous ne passerons pas cette fois-ci. On fait demi-tour et on revient à San Pedro de Atacama vers 13h00, il faudra retenter notre chance le lendemain.
Le jour J, même scénario, on se retrouve bloqué sur la route au même endroit… mais cette fois on y croit ! Et, en effet, deux heures plus tard, on démarre, direction la frontière Argentine… ouff ! Au final, San Pedro sera le lieu où on aura passé le plus de temps durant notre voyage !
On en prend plein les yeux encore une fois. Les volcans me rappellent les Philippines la neige en plus
On se croirait dans un autre monde…Vous avez de la chance de découvrir tous ces sites remarquables.
Bises à tous les deux
c’est toujours avec plaisir que nous apprecions vos super photos et vos commentaires tres clairs..popo hier je t’ai envoyé un e mail l’as tu reçu.
bises a vous deux
Autre pays, autres paysages toujours mis en valeur par vos belles photos… profitez bien de ce dernier mois…. grosses bises
Autre pays, autres paysages toujours mis en valeur par vos belles photos… profitez bien de ce dernier mois…. grosses bises
Buenos dias, Pauline, j espère que vous etes en forme et que la suite de votre périple se déroule selon vos souhaits. A l heure actuelle, tu dois etre en Argentine?.. C ‘est là qu’on reve d’aller,mais depuis qlq années, on se retrouve inévitablement au Québec, à cause de la fille!!On est allés la voir en avril, et elle devrait y séjourner 1 année suplémentaire. Concernant ton blog, j’ ai un continent de retard .., et j’ essaie de rattraper, pendant mon astreinte de week-end. Profite de ces dernières semaines de grande liberté avant de réintégrer le monde des sédentaires!.. / Moi qui affectionne les petites iles, j’irai bien me balader sur l Ile de Paques.Très belles photos, pr l’ ensemble de vos destinations..Bravo. Au plaisir de te rencontrer Pauline et bonjour à François. Bises de Mone
Salut Monique ! Le temps que je te réponde, on n’est plus du tout en Argentine mais au Brésil et le retour en France est pour dans 9 jours! Ça passe de plus en plus vite ! Merci pour tes commentaires et à bientôt sûrement à Saint Gervais.
Wahou ! On continue à suivre vos aventures et on en prend plein les yeux. Les photos sont un peu plus belles à chaque fois et vous avez l’air d’être vraiment en pleine forme !
Nous on commence notre dernier pays, l’Indonésie…
Continuez d’en profiter et de nous donner des idées pour nos prochains voyages !
On vous embrasse !
Coucou les filles ! Nous aussi on entame notre dernier pays: le Brésil. Profitez bien de l’Indonésie, ça a l’air top. Nous, c’est en tête de liste des prochains pays à découvrir 😉
Superbes vos photos !! Tout à l’air immense et calme. Et la soirée étoilée fait rêver 🙂
Bisous à vous deux !
Oulalal comme les contrastes entre la pierre volcanique rouge et la neige sont magnifiques ! Encore une fois vous nous en mettez plein les yeux 😉 (bon par contre je ne vous envie pas la neige ^^)