A la rencontre des Maharajas

[Article écrit par François]

Nous voilà arrivé dans le Rajasthan, la région où vécurent les Rajput, des guerriers organisés en clans, qui contrôlèrent différents états qui composaient la région pendant plus d’un millénaire. Parmi ces Rajput, les seigneurs appelés « les maharajas » ont fait bâtir de multiples palais et forteresses, chacun tentant de prouver sa grandeur avec de magnifiques édifices. Avec l’arrivée des moghols puis des Britanniques, les Rajput ont perdu peu à peu de leur influence.

1) Bundi

Notre première escale se fait dans la ville de Bundi. Nous arrivons tôt le matin à la gare et, n’ayant réservé aucun endroit où dormir, on se laisse guider par un tuk-tuk qui nous emmène dans une guesthouse. On ne s’est pas trompé, il est de bon conseil et nous trouve une chambre vraiment sympa à un prix très correct dans la partie touristique de la ville où sont concentrés les hébergements. C’est agréable de se promener dans ce quartier assez calme et relativement propre, où des entrées de maisons sont peintes dans le style rajasthani, de prendre le petit déjeuner au bord du lac, ou encore de s’arrêter discuter avec les petits commerçants qui nous reconnaissent ensuite et nous saluent à chaque fois qu’on repasse devant eux.

On va également sur la petite colline située de l’autre côté du lac pour avoir une superbe vue sur la ville, le lac, le fort et le palais. D’ici, on se rend bien compte qu’une partie des maisons sont peintes en bleu.

En dehors du quartier touristique, Bundi ressemble aux autres villes indiennes qu’on a déjà visité : des petites ruelles étroites dans lesquelles les voitures et les tuk-tuks essayent de se frayer un chemin entre les vaches et les cochons, des déchets qui traînent par terre, des bazars et marchés très animés où on peut acheter de tout à petit prix, plein de stands de nourriture et beaucoup de bruit et de klaxons. On trouve aussi un super stand de rue qui fait de très bons chaï avec des épices qu’il écrase devant nos yeux.

Les monuments les plus connus de Bundi sont son palais et son fort, mais on s’est contenté de visiter le premier. Celui-ci, dont la construction a duré de 1607 à 1631, se dresse sur une colline et domine la ville. Vu la chaleur, c’est très agréable de se balader à l’intérieur. Certaines partie du fort sont très bien conservées avec de superbes fresques, tandis que d’autres sont abandonnées et servent de refuge au chauve-souris. C’est dommage car les parties qu’on a vu valent le coup ! On est aussi tombé sur un gardien très sympa, Hashish (!), qui nous a servi de guide et nous a ouvert plusieurs salles fermées pour qu’on puisse admirer les peintures murales. Quand on a voulu lui donner un pourboire à la fin, il a refusé et est parti directement !

La ville de Bundi est donc très agréable pour passer du temps, faire quelques visites, observer la vie quotidienne des locaux, acheter des souvenirs et se reposer. On y a passé 2 jours, suffisant largement pour tout visiter. On a décidé de prendre notre temps dans le Rajasthan pour pouvoir flâner dans les monuments, observer la population, s’imprégner de l’atmosphère des villes et aussi ne pas trop se fatiguer (c’est pas de tout repos l’Inde quand même !) quitte à zapper quelques étapes des circuits touristiques classiques.

2) Chittorgarh

Pour couper un peu le long trajet entre Bundi et Udaipur, notre prochaine étape, on décide de faire un arrêt dans la ville de Chittor, connue pour son fort (Chittorgarh). Cet endroit illustre bien le sens de l’honneur des Rajput : à trois reprises, alors qu’ils se savaient vaincus, les hommes sont partis affronter leurs ennemis pendant que les femmes et les enfants s’immolaient sur des bûchers.

Arrivés à la gare de bus, un tuk-tuk vient nous accoster et nous propose de nous transporter pour tout l’après-midi en gardant nos gros sacs dans son (petit) coffre. Vu le petit prix et étant donné qu’on ne savait pas trop quoi faire de nos bagages, on accepte. C’est donc parti pour une visite à la Chinoise où on se fait balader de point touristique en point touristique. Et, vu l’immensité du fort et la chaleur, on est bien content d’avoir opté pour cette option ! On a bien aimé l’immense tour de la Victoire et les temples hindous, mais, pour nous, la visite ne vaut pas forcément le déplacement.

3) Udaipur

Etant donné qu’on arrive assez tard, on a réservé un hôtel pour notre première nuit à Udaipur, on va dormir dans un haveli, ces maisons de maître typiques du Rajasthan sur plusieurs étages, qui ressemblent à un labyrinthe avec leurs recoins, escaliers et couloirs dans tous les sens. On passe une bonne nuit, mais on a décidé de se poser un peu à Udaipur et on peut trouver mieux ! On part donc faire un tour des guesthouses et on tombe sur une chambre pas chère dans un super hôtel (Dream Heaven) avec un roof top d’où on a une belle vue sur le lac et le City Palace.

On rencontre en plus Aïsha, une Franco-Marocaine qui est en couple avec le gérant de l’hôtel, avec qui on va discuter assez souvent et qui nous apprendra pas mal de choses sur la vie indienne. On parlera notamment du système des castes en Inde, sujet qu’on a déjà abordé plusieurs fois au cours du voyage et qui est difficile à comprendre. Bien que les castes ne soient pas officiellement reconnues dans la constitution indienne, elles jouent un rôle important dans la vie sociale du pays. Les métiers exercés et les perspectives de mariage sont fortement conditionnés par l’appartenance à telle ou telle catégorie. De le même manière, mener une vie pieuse augmente les chances de renaître dans une caste plus haute et donc dans de meilleures conditions. De ce qu’on a compris, bien aidé par le Lonely Planet, il y a 5 castes principales : tout en haut, les brahmanes (prêtres et érudits), puis les rajputs (guerriers et administrateurs), les marchands, les serviteurs, et tout en bas de l’échelle sociale, les Intouchables. Un exemple dans la vie quotidienne : Aïsha nous a raconté que la sœur de son mari s’entendait vraiment bien avec un homme, mais qu’ils n’envisageaient même pas de se marier car ils n’appartiennent pas à la même caste. Un autre exemple : en arrivant dans le village de Kajuraho, un petit nous accoste et nous dit fièrement qu’il est brahmane puis il désigne un autre gosse qui s’approche et nous explique qu’il ne faut pas lui parler car il est d’une classe moins élevée… On nous a aussi expliqué que des quotas sont mis en place pour favoriser l’insertion des Intouchables dans les écoles et dans l’administration. Bref, avec la société actuelle, il est plus difficile de distinguer au premier abord les différences de castes, mais on sent très vite que ce système est bien ancré dans la culture indienne.

Retour à Udaipur où le gros monument est le City Palace. La construction de ce bâtiment qui surplombe le lac, le plus vaste palais du Rajasthan, débuta en 1599 avec le maharaja Udai Singh II. De nombreuses extensions furent ajoutés au cours des années par les souverains. La visite est sympa, même s’il y a beaucoup de monde, et on peut voir plein de salles datant d’époques différentes, plus ou moins rénovées, avec de belles peintures. Le style général de la décoration est quand même assez kitch avec beaucoup de couleurs, de lumière, de petits miroirs et d’or. Du palais, on a de belles vues sur la ville et sur le lac d’où on peut notamment voir les deux supers hôtels situés sur des petits ilots au milieu du lac. On passe aussi dans les jardins où un mariage est en préparation. Aïsha nous a aussi expliqué que les mariages indiens sont souvent grandioses avec généralement plus de 1500 invités ! La fête dure sur plusieurs jours avec d’énormes buffets, des processions dans les rues, des feux d’artifice et les familles dépensent toujours énormément pour préparer cet évènement. A cela s’ajoute en plus la dot que doit payer la famille de la femme.

La ville d’Udaipur est très touristique, surtout dans la vieille ville, au nord du City Palace, où sont situés la majorité des hébergements et de très nombreux restaurants et boutiques de souvenirs. C’est pas trop mal pour nos 4 jours qu’on a décidé de passer sur place, ça nous permet de trouver nos petites habitudes, de prendre notre temps et de faire les petits tâches obligatoires. On a trouvé la petite boutique où prendre de supers mueslis et jus pour le petit-déjeuner (Pap’s Juice) juste à côté de l’hôtel, on a donné un gros tas d’affaires à laver, on a pris le temps de se faire de bons restaurants, je suis passé chez le coiffeur (il était temps !) et Pauline s’est fait un tatouage au henné sur le bras. On a également déniché une toute petite cantine, chez Meenu, où bien manger pour pas cher. On a diné un soir chez elle avec toute la famille, par terre, et elle nous a fait goûter a plusieurs plats. On a aussi été manger dans sa cuisine où on a pu préparer le repas avec elle.

On avait pris un cours de cuisine en Thaïlande qui nous avait vraiment enchanté, on a décidé de retenter en Inde, et on n’a pas été déçu. On a réservé au « Shashi cooking class » qui a de bons commentaires sur internet et qui est connu à Udaipur. Le format n’est pas tout à fait le même qu’en Thaïlande, nous sommes 6 pour un cours de 5 heures et, même si on n’a pas chacun notre plan de travail, on a vraiment appris plein de choses. Les pakoras (beignets de légumes), les chapatis, les naans, les parathas, les currys de légumes et le riz pullao n’ont maintenant plus de secret pour nous. Après tous ces efforts et ces choses à apprendre, on déguste enfin l’ensemble de nos réalisations et là, il faut avoir faim ! On s’aperçoit aussi qu’on s’est bien habitué aux épices depuis le début du voyage car nos compagnons ont du mal à manger les différents plats alors qu’on trouve ça épicé comme il faut.

On profite aussi de passer du temps sur place pour sortir du quartier touristique et se rendre au bazar. Celui-ci est intéressant car il est très grand et il y a différentes zones où sont vendues toutes sortes de produits : les bijoux et les tissus où les personnes sont reçues dans le magasin directement à même le sol sur un matelas, le matériel de cuisine, le marché où on peut trouver légumes et fruits en tout genre, les étals de thé ainsi que les vendeurs d’épices.

Après s’être bien reposé, après avoir pris nos petites habitudes, après avoir parcouru pas mal de kilomètres dans la ville, après en avoir appris plus sur la vie des Indiens, c’est parti pour notre nouvelle destination, Jodhpur.