Sur l’île de Pâques, au bout du bout du monde

[Article écrit par François]

 

Au moment d’acheter notre billet d’avion « tour du monde » et de choisir les différentes destinations, l’agence ZipWorld nous a proposé de passer par l’île de Pâques pour 15€ de plus. On n’a pas hésité longtemps et on a ajouté cette étape à notre parcours. Ce petit bout de terre (de 24km de long et de 12 km de large en ses points les plus extrêmes) perdu au milieu de l’océan est situé à plus de 3700 km de la côte chilienne. Vue du ciel, l’île de Pâques dessine un triangle dont chaque angle accueille un volcan éteint. Au milieu de ça se situe la seule ville de l’île, Hanga Roa.

Au  niveau historique, les premiers habitants ont débarqué sur l’île entre le 4ème et le 8ème siècle, en provenance des îles alentours (Marquises, Cook,…). Les Rapa Nui ont établi une civilisation qui a survécu aux guerres entre clans et aux diverses catastrophes naturelles (tremblements de terre et tsunamis). En 1722, un navigateur hollandais débarque sur l’île le jour de Pâques, d’où le nom (encore une fois, pas très original). Après quelques nouveaux passages d’Européens, des Péruviens débarquent sur l’île au 19ème siècle et emmènent des habitants pour les réduire en esclavage. Cela dure un certain temps, jusqu’à ce que l’église catholique intervienne, mais la population fut presque totalement anéantie par les maladies et l’épuisement. Le Chili prend possession de l’île en 1988, après avoir fait plier le Pérou et la Bolivie lors de la guerre du Pacifique. Aujourd’hui, il reste encore beaucoup de revendications des Pascuans de souche qui ne contrôlent aucun territoire en dehors de Hanga Roa.

Alors, par contre, pour se rendre sur l’île de Pâques depuis Nouméa, c’est toute une histoire. Après notre nuit de 2 heures chez Raymonde et Phiphi, on marche jusqu’à l’aéroport où on prend notre premier avion qui nous emmène à Auckland en 2h30. Escale de 7h avant de monter dans un nouvel avion pour nous diriger cette fois vers Santiago où on arrive après 12h de vol. Départ d’Auckland à 18h le dimanche, arrivée à Santiago à 14h le dimanche. Et oui, vous avez bien lu, on a remonté le temps ! S’ensuit une escale de 19h, qu’on passe dans l’aéroport, assis, sans parvenir à dormir. Au moins, on a du temps pour avancer le blog et regarder ce qu’on va faire par la suite. Dernier vol de 6h le lundi matin pour enfin poser le pied sur l’île de Pâques. On est bien arrivé, fatigué et complètement déphasé !

L’entrée au parc comprenant les différents points d’intérêt de l’île est chère, quasiment 80 euros, mais on est tranquille après, plus besoin de payer pour chaque visite. Tout ici a un coût élevé, ce qui peut se comprendre au vu de l’isolement. Pour économiser, on choisit de dormir au camping Mihinoa, les nuits ne sont pas trop chères, il est bien situé juste au bord de la mer et en face du coucher de soleil et il y a en plus une grande cuisine où on peut se préparer nos propres repas. Bonne amélioration par rapport à la Nouvelle-Calédonie, il est possible de trouver sur le marché des fruits et légumes pas trop chers, et notamment des avocats délicieux, miam ! Pour découvrir l’île, on se déplace la majorité du temps à pied ou en stop, qui marche très bien, on n’attend jamais plus de 10 minutes avant de se faire emmener. On loue aussi un scooter un jour pour pouvoir parcourir plus de chemin et aller voir plus de sites.

00 - Scooter

 

Mais alors, qu’y a t’il à faire sur un si petit morceau de terre ?

Tout d’abord, la ville d’Hanga Roa est agréable, juste au bord de l’eau où beaucoup de surfers profitent des vagues (en combinaison quand même). Il y a même une petite plage pour se prélasser au soleil et plusieurs glaciers. On trouve aussi une mignonne petite église, un marché aux fruits et légumes tous les matins, un cimetière qui s’illumine la nuit venue et beaucoup de restaurants, bars et agences pour satisfaire tous les touristes de l’île qui sont quand même assez nombreux.

01 - Hanga Roa

02 - Hanga Roa

 

L’île se prête bien à la randonnée du fait de son relief et du peu d’habitations. Il est donc possible de marcher un peu partout, pour grimper sur les volcans, pour longer les côtes avec des falaises plus ou moins grandes ou simplement dans les terres, au milieu des champs. L’île comporte aussi de nombreuses grottes dans lesquelles il est possible de s’aventurer, soit pour déboucher sur une falaise, soit pour déambuler sous la terre dans de petits boyaux.

03 - Falaises

04 - Balade sur l'île

05 - Falaises

06 - Falaises

07 - Chevaux

 

L’ascension du volcan Terevaka, le point culminant à 507m, permet d’avoir de beaux panoramas sur l’île. On se rend ici bien compte de la petite taille de ce morceau de terre, avec la vue sur la mer à 360°.

08 - Terevaka

09 - Terevaka

10 - Terevaka

11 - Terevaka

 

Un immanquable ici est l’ascension du volcan Rano Kau, où il est aussi possible de se rendre en voiture pour les moins courageux. La vue sur l’île lors de la montée vaut le coup, mais la vue au sommet du volcan est vraiment à couper le souffle : un immense cratère empli d’un lac bleu sombre recouvert d’une plante proche du roseau avec en arrière plan l’océan. Il y a un peu de monde au point de vue accessible par la route, mais il est possible de faire quasiment tout le tour du cratère et là, plus personne. On débouche sur d’immenses falaises d’où on a une belle vue sur des petits îlots en contrebas. Au bord de ces falaises et tombant presque dans le cratère du volcan se situe le village cérémoniel d’Orongo où avait autrefois lieu la cérémonie de l’homme-oiseau.

Petit retour en arrière pour comprendre de quoi il s’agit. A l’origine, le pouvoir sur l’île se transmet de génération en génération et c’est toujours la même tribu qui gouverne les Rapa Nui. Mais, le peuple, réparti en une dizaine de tribus, n’a plus confiance dans le « mana », le pouvoir des statues censées incarner les ancêtres protecteurs. Les Pascuans décident alors de s’en remettre à un mythe ancien pour désigner chaque année qui va les diriger, celui de l’homme oiseau. Depuis les pentes du volcan Rano Kau, les aspirants au titre doivent descendre vers la mer et affronter les courants pour rejoindre une des petites îles situées en face. Ils tentent ensuite d’escalader les parois pour ramener un œuf de Mahoké (un oiseau) jusqu’en haut de la falaise où attendent les représentants des tribus. Le premier qui parvient à ramener un œuf entier est nommé « homme-oiseau » et devient le chef de l’île pour l’année à venir. Et quand on voit les falaises et la mer, c’est impressionnant !

12 - Ascension

13 - Rano Kau

14 - Rano Kau

15 - Rano Kau

16 - Rano Kau

17 - Orongo

 

Mais les stars ici, ceux qui ont rendu l’île célèbre, ce sont les Moaïs. Ces sculptures massives de personnages représentent probablement les ancêtres des différents clans. Les statues sont généralement dressées dos à l’océan, mesurent de 2 à 10 mètres de haut et sont installées sur un « ahu ». Les ahus sont des plateformes de pierre servant de sépultures et de centre cérémoniel dans les villages.

18 - Moaïs

19 - Moaï

20 - Moaïs

21 - Moaï

22 - Moaï

 

Depuis plusieurs siècles, on s’interroge sur les techniques employées pour déplacer ces énormes statues. Pendant plusieurs décennies, la plupart des spécialistes ont soutenu l’idée qu’elles étaient traînées sur des sortes de luges ou poussées sur des rondins de bois. Mais depuis quelques années, cette théorie est remise en cause et des archéologues pensent plutôt qu’elles ont été déplacées verticalement, à l’aide de cordes. Cette théorie coïncide en plus avec les récits oraux selon lesquels les moaïs « marchaient » jusqu’à leur ahu. Bref, le mystère est loin d’être résolu. Une chose est sûre, les moaïs étaient sculptés dans la carrière de tuf du volcan Rano Raraku, appelé « la nurserie ». Cet endroit se visite et on peut voir des dizaines de statues abandonnées sur les pentes du volcan à divers stades de fabrication. La vue à 360° au sommet du volcan vaut aussi le détour.

23 - Volcan

24 - Volcan

25 - Nurserie

26 - Nurserie

27 - Nurserie

28 - Nurserie

 

Certains moaïs sont aussi surmontés d’une coiffe rouge cylindrique représentant une coiffure masculine répandue dans les temps anciens et appelée « pukao ». Il est possible de visiter le site de Puna Pau, une carrière de roche volcanique utilisée pour la fabrication de ces pukaos. D’après les différentes recherches, ces immenses blocs auraient été roulés jusqu’à leur lieu d’installation, mais plusieurs théories s’affrontent sur la manière dont ils sont mis en place sur les moaïs.

29 - Pukao

30 - Carrière des chapeaux

 

Le site le plus connu est l’Ahu Tongariki, le plus grand construit sur l’île, et sur lequel sont installées 15 imposantes statues. En 1960 , un tsunami avait renversé les statues et emporté plusieurs pukaos à l’intérieur des terres. Le site a été restauré par une équipe japonaise entre 1992 et 1995. Cet endroit est vraiment impressionnant et on y passe plusieurs fois pour admirer les statues à différents moment de la journée, sous différents éclairages. Il peut y avoir beaucoup de monde à certains moment quand des bus lâchent des hordes de Chinois, mais en dehors de ces moments, on peut facilement se retrouver quasiment seul sur place et ça, c’est vraiment génial.

31 - Les 15 Moaïs

32 - Les 15 Moaïs

33 - Les 15 Moaïs

34 - Les 15 Moaïs

35 - Les 15 Moaïs

36 - Les 15 Moaïs

37 - Moaï

38 - Les 15 Moaïs

 

L’endroit est aussi connu pour être un super spot pour le lever du soleil. On se motive donc un matin pour partir sur notre scooter pour aller admirer ça et l’effort vaut vraiment le coup, les couleurs sont très belles. En plus, pas besoin d’être trop matinal, le soleil se lève vers 8h30 sur l’île. Par contre, il y a beaucoup de monde.

39 - Lever de soleil

40 - Lever de soleil

41 - Lever de soleil

 

Un autre site qui vaut le détour est l’Ahu Akivi. Réhabilité en 1960, cet ahu sur lequel sont dressés 7 moaïs est un cas particulier. Il a d’une part été érigé à l’intérieur des terres et surtout, les statues sont tournées vers la mer. Il semblerait qu’il représente les 7 éclaireurs venus autrefois chercher de nouvelles terres.

42 - Face à la mer

43 - Face à la mer

44 - Face à la mer

 

Il y a également sur l’île une plage paradisiaque, Anakena, on se croirait revenu en Nouvelle-Calédonie. Dès qu’il y a un rayon de soleil, les touristes se ruent sur cette étendue de sable blanc pour profiter de l’eau. Cette plage est assez atypique sur cette île dont l’essentiel de la côte est rocheuse et formée de roches volcaniques noires. La plage forme un arrière plan parfait pour l’Ahu Nau Nau qui comporte sept moaïs, dont certains sont coiffés d’un pukao. Selon la tradition orale, Anakena est le point de débarquement de Hotu Matu’a, ancêtre mythique des autochtones de l’île de Pâques.

45 - Anakena

46 - Anakena

47 - Anakena

48 - Anakena

49 - Anakena

 

Il serait dommage de venir sur l’île de Pâques et de ne pas assister à un coucher de soleil sur l’ahu Tahai, situé juste au bord de la mer et orienté de tel manière que le soleil vient tomber entre les moaïs. On y est venu deux soirs, et à chaque fois, ça valait vraiment le coup !

50 - Coucher de soleil

51 - Coucher de soleil

52 - Coucher de soleil

53 - Coucher de soleil

 

En se promenant sur l’île, on découvre aussi de nombreux sites archéologiques : ici des pétroglyphes (dessins réalisés dans la pierre), là des fondations d’anciennes maisons, ou encore des moaïs couchés par terre, soit à cause de catastrophes naturelles, soit lors des guerres entre les différents clans. On a rencontré en stop un mec travaillant dans la recherche sur l’île et qui se démène en ce moment pour faire un inventaire des différentes trouvailles réalisées sur l’île, tout en essayant de faire revenir les trésors emmenés par des explorateurs dans divers autres pays.

54 - Moaïs couchés

55 - Pétroglyphes

 

Comme vous pouvez le voir, il n’y a pas de quoi s’ennuyer sur l’île. Et on a eu de la chance, le mois de mai est censé être le plus pluvieux de l’année, mais on a eu beau temps pendant quasiment toute notre semaine, avec juste une journée un peu maussade. On serait même bien resté encore plus longtemps pour finir d’explorer l’île, que ce soit en faisant une randonnée à cheval, une marche le long des falaises au nord ouest, pour s’essayer au surf, ou pour plonger dans les eaux ultra claires (même s’il n’y a pas grand-chose à voir sous l’eau).

Même si on a beaucoup bougé pendant cette semaine, ça nous a fait du bien de rester posé au même endroit, dans un camping sympa où on a fait aussi plein de rencontres, des Français en voyage longue durée, comme d’habitude. On est vraiment partout ! On se souvient notamment de Kathrin, Anne-So et Alex, ou encore Agathe. Il est maintenant temps de partir à la découverte d’un nouveau continent, l’Amérique du Sud, notre dernière étape avant le retour ! Et oui, le temps passe vite, déjà 9 mois qu’on est parti…

56 - Coucou

58 - Coucou



9 réponses à “Sur l’île de Pâques, au bout du bout du monde”

  1. papou dit :

    Geniale la dernière photo ! Les autres ne sont pas mal non plus….

  2. Marie-Laure & Bernard dit :

    Cela doit faire une drôle d’impression d’être perdu au milieu de l’océan….Les photos des couchers de soleil sont impressionnantes. On attend la suite avec impatience.
    Bises à tous les deux

  3. Pauline D dit :

    Quelle souplesse François ^^
    Ce doit être vraiment impressionnant toutes ces statues entourées de tant de mystère…

  4. Catherine L dit :

    Très intéressant toutes ces explications. Maintenant je verrais l’ile de Pâques autrement qu’un caillou recouvert de mystérieuses statues. Merci beaucoup, ça me donne envie d’y faire un saut !!!
    Et en plus je les trouve plutôt sympas.
    Bisous à vous deux.

  5. Catherine L dit :

    Pourquoi les statues n’ont pas de jambes ?

    • Pauline BUSSON dit :

      Mince, tu nous poses une colle là ! Au final, vu la taille des statues, s’il avait en plus fallu leur faire des jambes, elles auraient été immenses et encore plus difficilement transportables.

  6. Koko dit :

    Je suis sûre que la dernière photo peut faire un buzz ENORME ! J’ai bien rigolé. J’imagine combien de photos vous avez dû faire pour arriver à ce résultat….

  7. Philippe et jojo dit :

    Coucou les loulous
    Mince moi qui croyais que cette île été un bout de terre avec des quelques cailloux en forme de statue et a première vue il y en a un peu partout de ces geants
    Sur les photos on les crois de taille moyenne mais quant on voit quelques personnes autour
    Ce sont vraiment des géants
    Trop sympa la dernière photo avec François l acrobate
    Grosses bises à vous deux

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