On se repose à Mc Leod Ganj pour finir l’Inde

[Article écrit par François]

On prend un bus à Amritsar pour rejoindre notre dernière destination, Mc Leod Ganj, une enclave bouddhiste dans ce pays très majoritairement hindouiste, située dans les montagnes dans le nord de l’Inde. Durant le trajet, on rencontre Anata, une Polonaise très sympa que l’on recroisera plusieurs fois dans la ville. Elle a pris, comme beaucoup de personnes rencontrées au cours de notre voyage, 1 mois de cours de yoga à Rishikesh pour devenir prof ensuite.

On arrive à Mc Leod Ganj le soir et on n’a rien réservé pour la nuit. Comme souvent, on se laisse guider par les rabatteurs qui nous sautent dessus à la sortie du bus, mais cette fois les deux premières guesthouses ne sont pas terribles. Un autre mec vient alors nous voir pour nous emmener dans son hôtel, on le suit, on s’éloigne un peu du centre, on descend une grande volée d’escaliers, on se demande où on va bien tomber et, même si ça ne nous plaît pas, on aura difficilement le courage de remonter toutes ces marches avec nos gros sacs. Heureusement, même si le bâtiment ne paye pas de mine et si sa construction n’est pas encore terminée, les chambres sont vraiment spacieuses et confortables et on a même le droit à un balcon privé pour voir le lever du soleil, le tout à un prix défiant toute concurrence (après une grosse négociation tout de même).

La petite ville de Mc Leod Ganj est complètement différente des villes dans lesquelles on est passé en Inde. C’est très calme, on n’entend quasiment jamais de klaxons, il n’y a pas de déchets par terre. L’ambiance qui y règne fait penser à une station de ski, la neige en moins. Autre changement par rapport au reste du pays, dès que le soleil se cache, il fait très froid et on est obligé d’enfiler toutes nos couches de vêtements qu’on utilisait au Népal. Les nuits aussi sont très froides et heureusement qu’on a nos gros duvets en plus des couvertures fournies. Mc Leod Ganj est surtout connue pour être le lieu de résidence du 14ème Dalaï Lama depuis 1960, et le lieu de résidence principal des exilés tibétains. On ressent dans cette ville une atmosphère particulière, on peut croiser dans les rues beaucoup de moines et de nonnes et l’influence tibétaine se manifeste fortement, notamment au niveau de la nourriture. Des marches de soutien au Tibet sont fréquemment organisées pour dénoncer les mauvais traitements que les autorités chinoises infligent aux bouddhistes de cette province. On a également assisté à une manifestation en soutien à Larung Gar, le plus grand centre d’étude du bouddhisme tibétain où habitent plus de 10000 moines, que les autorités chinoises tentent de détruire progressivement.

Le temple Tsuglagkhang, à côté duquel réside le Dalaï Lama, est un haut lieu religieux pour les Tibétains en exil. Son architecture est assez étrange car il ne ressemble pas aux autres temples avec les stuppas dorés, on dirait plus un bâtiment ordinaire. Des l’entrée, des panneaux expliquent les problèmes avec les autorités chinoises, on apprend notamment que le 11ème Panchen Lama (une haute autorité bouddhiste) a été enlevé à l’âge de 6 ans, ce qui en fait le plus jeune prisonnier politique mondial. Sur un autre tableau sont présentées les photos des moines (et il y en a beaucoup…) qui se sont immolés pour attirer l’attention du monde sur les crimes commis par les autorités chinoises envers les bouddhistes tibétains accusés de nuire au pouvoir.

Plus légèrement, on a aussi profité de nos 4 jours passés à Mc Leod Ganj pour aller randonner dans les belles montagnes environnantes (ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu de la verdure), pour se faire des restos et notamment un super bhoutanais, pour manger quelques gâteaux et boire du bon café dans les salons de thé et pour que Popo se remette de sa petite tourista. Popo insistera aussi pour qu’on assiste, comme dans chaque pays où on passe, à un spectacle de danses traditionnelles.

Après ces 4 jours reposants, c’est l’heure de dire adieu à l’Inde. Dernier bus, dans lequel on va se les geler toute la nuit, pour retourner à Delhi où on prend notre avion direction la Birmanie. Dernière visite de monument, le temple du lotus, une maison d’adoration de la religion baha’ie, à l’architecture assez impressionnante (avec son ciel toujours bien pollué).

Dernier repas dans la rue avec des paratha et une purée de pois chiches, très bon mais je vais le regretter plus tard, la purée de pois chiches ayant certainement été mélangée avec de l’eau… Dernier bon repas dans un resto où on prend un super poulet mughlaï, des brochettes de paneer tikka, des naans et des rotis.

On profite aussi de notre dernière après-midi pour aller au cinéma, ce qui est parfait avec la fatigue due à notre trajet de nuit dans le bus et à la chaleur. Il n’y a pas de Bollywood dans le cinéma dans lequel on va, on opte donc pour le gros film du moment, « Befikre », en Indien sans sous-titre. Le film raconte une histoire d’amour un peu cucul entre un Indien habitant à Paris et une Française. On a le droit à tous les clichés, du repas à la Tour Eiffel, au cadenas sur le Pont des Arts, en passant par les grosses fêtes le long de la Seine. Outre le film pas exceptionnel, c’est assez drôle de voir à quel point les Indiens sont à fond dans le film, applaudissant à chaque rebondissement, riant à la moindre blague, se levant lors des baisers…

Après que Popo ait fait signer son T-shirt offert par la DDT sur lequel on doit faire écrire bonjour dans la langue de tous les pays dans lesquels on passe, c’est parti pour l’aéroport et pour la Birmanie (ou plutôt le Myanmar pour être exact). Que retenir de nos 40 jours en Inde du Nord ? Un pays fatigant où on est sollicité à chaque sortie dans la rue, bruyant avec des klaxons incessants et énormément de monde partout, très sale, les gens jetant directement leurs déchets par terre et avec beaucoup de pauvreté et de mendicité. Mais aussi, des palais, forts et temples magnifiques, du beau temps et de la chaleur en continu, une nuit dans le désert inoubliable, une ville imprégnée de spiritualité pour laquelle on a eu un coup de cœur, Varanasi, un pays dans lequel, contrairement à ce qu’on avait entendu avant de partir, on ne s’est jamais senti en insécurité, une religion très présente dans la vie des locaux (l’hindouisme), la découverte d’une religion marquante (le sikhisme), des transports vieillots mais propices aux discussions, des rencontres avec des expatriés et des voyageurs très sympas et surtout des Indiens très ouverts et attachants qui viennent sans cesse nous accoster pour discuter avec nous.