En rando d’Inle à Kalaw

[Article écrit par François]

Je me réveille au milieu de la nuit avec une bonne diarrhée, et ça tombe mal, car c’est le jour de notre départ en randonnée pour 3 jours et 2 nuits entre le lac Inle et la petite ville de Kalaw. Ce sens n’est pas celui « classique », car les voyageurs qui viennent de Yangon en bus s’arrêtent généralement à Kalaw et partent d’ici. On passe par une agence de Nyaungshwe (la ville située à côté du la Inle pour ceux qui ne se rappellent déjà plus l’article précédent) qu’on a appelé la veille du départ et on a pu avoir un guide juste pour nous 5. Le matin, on hésite un peu à partir, mais au final, on y va quand même. La première matinée va être très difficile pour moi avec de grosses crampes d’estomac, mais ça va aller mieux par la suite et je ne le regretterai pas car c’était vraiment super !

Mais alors, qu’est ce qu’elle a de spéciale cette rando conseillée par les guides et que la plupart des voyageurs effectuent ?

Tout d’abord, les paysages sont vraiment magnifiques et on a le droit tous les jours à de nouveaux décors. On traverse des forêts, on longe de nombreux champs où poussent cannes à sucre, blés, sésames, maïs, tournesols, et on grimpe quelques petits monts d’où on peut apercevoir le découpage des petites parcelles des paysans. La terre est très rouge à certains endroits, ce qui donne de belles couleurs avec le vert des plantations.

Mention spéciale pour les champs de piments, très photogéniques, qu’on croisera le deuxième jour. On est chanceux, on tombe à la bonne période pour le ramassage, séchage et triage qui s’effectue un peu partout.

On passe également par des petits villages des ethnies Pao et Danu, où les maisons sont construites en bambou. Les gens paraissent heureux de nous voir passer, on croise également plein d’enfants qui nous font de grands sourires et qui, chose appréciable et quand même assez rare, ne viennent jamais nous demander des bonbons ou de l’argent. Vous pouvez remarquer sur la 6ème photo, l’effet des feuilles de bétel sur la dentition. On découvre aussi un sport, qu’on recroisera souvent dans le pays, le « cane ball » (enfin on pense avoir compris ce nom), un mélange entre du volley, du badmington et du foot. Les règles sont les mêmes qu’au volley, le filet est une copie de celui du badmington et ce sport se joue avec une petite balle en bambou, qui se frappe uniquement avec les pieds, la tête, les genoux, bref, comme au foot. C’est sympa à regarder et c’est impressionnant quand ils smashent la balle en faisant des acrobaties pour passer leur pied au dessus du filet.

Durant ces trois jours, on va aussi pouvoir observer la vie quotidienne des villageois, et surtout les travaux dans les champs. Pas de tracteurs ici, tout est récolté à la main, mis à sécher sur place puis transporté avec les chars à bœufs. Les paniers en bambou sont fabriqués directement sur place et les femmes sont très sollicitées pour tous les travaux manuels, que ce soit porter de lourdes charges ou emmener les buffles à la baignade. On rencontre aussi une vieille dame qui tisse ses sacs et écharpes pour aller ensuite les vendre sur le marché.

Tout au long de cette rando, on peut se rendre compte de la ferveur religieuse des Birmans avec les nombreux monastères et pagodes qu’on peut voir un peu partout.

On est logé chez l’habitant pour nos deux nuits, c‘est sûr que ce ne sont pas des hôtels 5 étoiles, mais le confort n’est pas trop mal. Le soir, on aligne 5 petits matelas dans une salle commune et on se recouvre de couvertures car il ne fait vraiment pas chaud la nuit et l’isolation (quand il y a des fenêtres) laisse un peu à désirer. On dormira plutôt profondément, le seul inconvénient est quand il faut se lever au milieu de la nuit pour aller faire pipi dans la cabane au fond du jardin. On regrette juste de ne pas plus partager avec nos hôtes qui mangent et passent la soirée avec notre guide, de leur côté. Au niveau des repas, que ce soit le midi ou le soir, on s’est toujours régalé, avec plusieurs plats préparés par les familles qui nous accueillent, des fruits, des légumes et même des petits gâteaux en dessert (Clara est d’ailleurs devenue fan des Oréo à la banane). La salade d’avocats, avec les fruits cueillis sur l’arbre à côté, est juste délicieuse ! A chaque repas, on entend Popo dire : « c’est quand même un trek de luxe ! ».

On a bien marché pendant ces 3 jours dans des paysages magnifiques, et Popo et Clara ont même pu tester un autre moyen de transport pas forcément très confortable, le char à bœufs. Notre guide, Ang, 24 ans, était super sympa et nous a appris plein de choses sur la Birmanie et les Birmans. Et au final, on a croisé quasiment aucun autre touriste pendant les journées, on se retrouvait juste les soirs avec d’autres voyageurs dans des villages où les familles peuvent nous accueillir.